Bitterblue (Graceling, tome 03)
« Mais la mémoire fonctionne toujours de cette façon […] Les choses disparaissent sans votre permission, puis resurgissent à leur gré. Parfois même, elles vous reviennent incomplètes et déformées »

Depuis que Lady Katsa a sauvé le royaume de Monsea en assassinant Leck, le tyran qui y régnait depuis trente-cinq ans, c’est à la fille de celui-ci, Bitterblue, que revient la tâche de gouverner. Mais la chose est loin d’être facile pour la jeune fille, même huit ans plus tard : traumatisé par les années de règne de son père, son peuple peine à se remettre de la persécution morale et physique qu’on lui a fait subir. Et quels sont ces mystérieux opposants qui font disparaitre ceux qui tentent de faire ressurgir le passé ? Bitterblue se décide à agir, pour le bien de son royaume…

J’ai mis énormément de temps à lire ce nouveau roman de Kristin Cashore. Pas parce qu’il ne me plaisait pas, loin de là, mais parce que, comme l’héroïne, j’avais l’impression de faire du surplace pendant les trois quart du roman. En effet, le mystère est tel qu’il est difficile de savoir en qui l’on peut avoir confiance car dans l’ombre de la Cour, les traitres rodent…

Bitterblue est un récit moins centré sur l’action que sur la réflexion, contrairement aux précédents romans. Dans ce troisième tome, Kristin Cashore nous met face aux dilemmes d’une reine en nous exposant ses états d’âmes et ses doutes. Et même si elle a un caractère bien trempé, de par son statut, Bitterblue reste pieds et poings liés lorsqu’il s’agit d'agir. Elle doit très souvent déléguer. Fort heureusement, ses amis sont là pour l’aider. Car c'est aussi l’occasion pour nous lecteurs de redécouvrir des personnages qui nous sont déjà familiers : après Bitterblue, on redécouvre ainsi avec plaisir Po, Katsa et même Rouge, mais sous un jour nouveau. Je dois avouer que Katsa et Po m’avaient manqués. Dès qu’ils sont présents, on ressent comme une sorte de magie qui fait que tout reprend vie autour d’eux. Ils arrivent à eux seuls à donner une énergie agréable à l’histoire. On découvre ainsi le quotidien de la jeune reine et de ses proches. De nouveaux personnages font eux aussi leur apparition : j’ai beaucoup aimé Fox, l’impétueuse espionne, Death, le bibliothécaire royal, et son mauvais caractère, mais aussi la discrète Hava, une graceling capable de changer d’apparence. Mention spéciale pour Saf’, le voleur originaire de Lienid, aux attendrissantes réactions de sale gosse.

L’atmosphère de Bitterblue est à la fois sombre et lumineuse. J’ai frissonné quand la jeune reine parcourait les dédales de son château, à la recherche de quelques vérités au sujet de son père, mais aussi beaucoup ri quand celle-ci se trouve en la compagnie de ses amis guerriers et brigands… une famille de remplacement, en quelque sorte.

J’ai donc adoré me replonger dans l’univers de la série des Graceling et ainsi retrouver des personnages auxquels je m’étais déjà attaché (et aussi m’attacher à de nouvelles têtes). Seul léger regret de cette lecture, hormis le manque d’action : comme deux ans ont passé depuis la sortie de Rouge, j’avais oublié certains éléments des deux tomes précédents, et même si un lexique et des cartes sont disponibles en fin de volume pour nous aider à nous y retrouver, j’ai eu du mal à me replonger à 100% dans l’univers, et à me souvenir des relations de tous. Bitterblue n’en reste pas moins un très bon roman, qui nous propose une multitude de sentiments complexes et entremêlés. J’espère découvrir très vite un quatrième tome !

Bitterblue ~ Kristin Cashore
Editions Orbit (mai 2012), 512 pages, 20€50

Bitterblue (Graceling, tome 03)

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