L’Enfant et le Maudit (tome 01)
Siúil, a Rùn
Il y a l’intérieur, sûr, et l’extérieur, infesté de créatures maudites. Sheeva vit à l’extérieur, dans une petite maison. Elle a été recueillie par un “professeur” qu’elle ne doit surtout pas toucher. Elle attend le retour de sa tante qui doit venir la chercher… Mais dans les bois alentours, de dangereuses créatures rodent...
Avec une première de couverture qui s’inscrit dans la lignée des albums jeunesse, L’Enfant et le Maudit est une œuvre qui joue sur les codes pour mieux surprendre ses lecteurs. Derrière une apparente douceur, ce manga (car c’en est un !) cache en réalité une grande part de ténèbres : autour de l’innocente Sheeva, une violence sourde couve, la cruauté des humains et des maudits n’est jamais très loin, tapie dans l’ombre de la forêt.
L’Enfant et le Maudit joue sur les contrastes jusque dans son style graphique : le tramage est peu nuancé et donne aux illustrations de Nagabe un aspect tendre dans les scènes de vie quotidienne, sauvage lorsqu’il s’agit de dépeindre les créatures surnaturelles. Ce manga, constitué de peu de dialogues, laisse alors la part belle aux non-dits contemplatifs… et paradoxalement étouffants.
Côté thématiques, l’idée des faux semblants est omniprésente : les monstres ne sont pas forcément ceux qu’on croit. De même, l’obsession de la sécurité grâce à un mode de vie en autarcie est une idée qui fait étrangement écho à l'actualité du monde réel.
Le folklore de L’Enfant et le Maudit est quant à lui occidentalisé, comme en témoigne le sous-titre Siúil A Rún, faisant écho à une chanson traditionnelle irlandaise. La relation entre Sheeva et son professeur, complexe, rappelle évidemment The Ancient Magus Bride, mais aussi le poétique Hotaru no Mori e.
Ne vous fiez donc pas aux apparences : L’Enfant et le Maudit est une œuvre plus complexe qu’elle n’y paraît. Atypique tant par ses graphismes occidentalisés que dans la présentation des thèmes qu'il véhicule, ce manga plaira à ceux qui cherchent une lecture plus dérangeante que The Ancient Magus Bride ou Somali. Pour ma part, la fin en cliffhanger me donne envie de connaître la suite… Sans surprise, je serais au rendez-vous pour le tome deux !
L'Enfant et le Maudit (tome 01) ~ Nagabe
Komikku éditions (mars 2017), 208 pages, 7€90
Bref, un très bon premier tome et j'ai hâte d'avoir la suite.