"Quelle est la meilleure mangaka shôjo et pourquoi ?"

Vaste question posée par le Club Shôjo, à l’occasion de leur semaine du shôjo ! Et c'est avec plaisir que j'ai décidé de me prêter au jeu !

Semaine du Shôjo

  • Le shôjo manga, c’est quoi ?

Shonen, seinen, shojo, josei, shonen girl, yaoi… Les différentes catégories de manga n’ont jamais été simples à comprendre !

Au Japon, elles sont déterminées suivant le type de revue qui décide de prépublier les histoires (n’oublions pas qu’avant de sortir sous forme de volumes reliés, les mangas paraissent chapitre par chapitre dans des revues spécialisées et au prix très bas).

Au départ, les mangas ne possédaient pas de réelles catégories en France. Et puis on a rapidement importé ces termes venus du Japon, afin de mieux appréhender le lectorat ciblé.

Shôjo signifie littéralement "jeune fille". Un shôjo manga se destine donc à un public assez jeune et féminin. Comme le shônen, il côtoie tous les genres possibles et peut s’inscrire aussi bien dans un cadre contemporain que dans de la Fantasy ou de la Science Fiction…

Maintenant que vous savez ce qu’est un shôjo, revenons-en à nos mangakas !

"Quelle est la meilleure mangaka shôjo et pourquoi ?"

Ça va faire treize ans que je lis des mangas (déjà !) et il y a tellement de noms, de séries qui m’ont marquées, au cours de ma vie de lectrice qu’il est difficile de n’en choisir qu’un. Cinq noms se sont imposés à moi, au fil du temps :

  • CLAMP

CLAMP

Avec des titres comme Card Captor Sakura ou Clamp School Detective, les CLAMP ont bercé mon adolescence. J’ai grandi en lisant leurs œuvres : Tokyo Babylon, X, Tsubasa Reservoir Chronicle… tant d’œuvres diverses mais tellement addictives ! Leurs intrigues, solidement construites, associées à toute la douceur de leur chara-design continuent de me faire rêver, encore aujourd’hui.

  • Yuu Watase

Yuu Watase shôjo

Au même titre que CLAMP, Yuu Watase est une mangaka que j’ai découverte adolescente. J’ai commencé avec Fushigi Yugi, Ayashi no Ceres, mon Yuu Watase favori, puis avec Lui ou rien et d’autres de ses titres. Ses héros masculins m’ont fait rêver (j’étais fan de Tamahomé et de Toya, à l’époque XD).

Avec Yuu Watase, on ne s’ennuyait jamais ! Que ce soit en Science Fiction, en Fantasy, ou lorsqu’elle donne dans le contemporain, les actions se succèdent et la romance en trame narrative faisait toujours vibrer mon petit cœur de collégienne !

  • Kaori Yuki

Kaori Yuki shôjo

Avec Kaori Yuki, j’ai appris à avoir peur, et à aimer ça XD

Si je l’ai découverte avec Angel Sanctuary, je l’ai davantage appréciée avec des œuvres comme Neji ou Comte Caïn/God Child.

L’esthétisme qui se dégage de ses planches est à couper le souffle. Elle peut raconter les pires scènes possibles, ce sera toujours avec une poésie troublante. La psychologie de ses personnages est également un de ses points forts, privilégiant les héros torturés.

  • Fuyumi Soryo

Fuyumi Soryo shôjo

Avec Mars, Fuyumi Soryo sublime la romance lycéenne des shojo mangas. Elle confère une véritable profondeur à ses personnages, va au-delà des apparences… Mars m’a réellement marqué. C’était un manga dont j’attendais viscéralement la sortie, dont je guettais la sortie avec impatience. Je traquais les rares scans sur internet… pas traduits du tout, en plus XD

Depuis, Fuyumi Soryo a continué de m’émerveiller dans d’autres genres : le thriller, puis l’Historique, mais aussi avec une histoire de danse. Dans tous les domaines, ses mangas me font vibrer !

  • Mizushiro Setona

Mizushro Setona shôjo

Découverte par hasard à la sortie de X-Day, j’ai eu un coup de cœur immédiat pour l’œuvre de Mizushiro Setona. Ses shôjos, bien que souvent ancrés dans un cadre contemporain, sont empreints d’une maturité plaisante. Il suffit de lire Heartbroken Chocolatier pour s’en rendre compte.

Comme Kaori Yuki, le psyché de ses personnages est travaillé, avec davantage de réalisme même. Ses personnages sont loin d’être lisses. Ils nous apparaissent humains, avec leurs qualités et leurs défauts.

*

Mais hormis ce côté clairement affectif que j’éprouve pour chacune de leurs œuvres, il existe un autre point commun qui réunit CLAMP, Yuu Watase, Kaori Yuki, Fuyumi Soryo et Mizushiro Setona : elles s’approprient les codes du shôjo, les adaptent à leurs histoires. Elles transcendent le shôjo !

Leurs œuvres sont difficilement classables, ce qui explique leurs présences dans d’autres genres : Yuu Watase et CLAMP se sont mises au shônen (Arata, Tsubasa Reservoir Chronicle), Mizushiro Setona et Kaori Yuki côtoient le yaoï (Le jeu du chat et de la souris, Boy’s Next Door) et le thriller, quant à Fuyumi Soryo, elle est passée maître du seinen avec Cesare.

mangaka shôjo seinen yaoi

"Quelle est la meilleure mangaka shôjo et pourquoi ?", cette question qui paraît toute simple a, en réalité, soulevé beaucoup d’autres interrogations.

  • Le Shôjo en France, c’est quoi ?

En France où le shonen est roi, le shôjo peine à percer et il est facile d’avoir une vision caricaturale de ce qu’est le shôjo.

Qui dit catégories dit préjugés, et malheureusement, dans l’esprit de beaucoup, "shojo" rime avant tout avec "romance lycéenne".

  • Du coup : lycéenne + beaux gosses = shôjo ?

Shôjo manga romance lycéenne

Actuellement, nous sommes dans un marché où la romance lycéenne se fait prédominante. Il suffit d’aller se balader en librairie pour le voir. Comme l’expliquait Akata dans un article, "il est devenu particulièrement compliqué de publier du shôjo manga".

Doit-on alors cantonner le shôjo à ce qui marche commercialement parlant, ici, en France ?

  • Finalement, c’est quoi, un bon shôjo mangaka ?

Cette question en appelle à d’autres : est-ce savoir dépasser les clichés ? Savoir se renouveler ? Écrire autre chose que du shôjo dans du shôjo ? Pouvoir être lus par des filles, mais aussi des garçons ? Faire de la romance, mais pas trop non plus ! Parce que la romance, c’est souvent méprisé par les autres. Ça ne fait pas très "sérieux"…

Tant de préjugés contre lesquels il faut savoir se battre… La vraie gageure de la shôjo mangaka tient alors à savoir se renouveler dans un carcan pas toujours facile à briser… parce que parfois, certains éditeurs ne veulent (ou ne peuvent) pas innover, parce que d’autres encore préfèrent ne pas estampiller une série shôjo de peur de restreindre le lectorat...

shojo seinen la différence de catégorisation

  • Conclusion ?

En dressant la liste de mes mangakas favorites, la conclusion suivante s’impose à mon esprit : le shôjo, c’est une multitude de genre et d’univers, regroupés sous une catégorie un peu factice. Seulement voilà, en France, le shôjo qui nous parvient se concentre surtout sur la romance lycéenne, et les mangakas dont j’aime les shôjos… ne font plus vraiment de shôjos. Est-ce une coïncidence si tous ces grands noms du shôjo que j’affectionne cherchent désormais à se développer dans d’autres genres ?

La tentation de se laisser happer par les codes d’un genre est grande, surtout si ce genre se fait populaire, autant dans le shônen que dans le shôjo. Mais le véritable talent réside avant tout à savoir s’approprier un genre et de se servir de ses codes pour transcender l’histoire que l’on veut raconter. Et si pour le moment, certains éditeurs français privilégient les romances lycéennes en occultant toute la diversité de genre que regroupe cette catégorie (historique, SF, Fantastique, Fantasy…) et bien je continue de penser que le vrai shôjo dépasse les clichés qu’on nous sert souvent en librairie. Renier cette diversité, c'est passer à côté de beaucoup d'œuvre de qualité !

mes shôjos préférés

Et vous, qu’en pensez-vous ?
Quels sont les titres ou les auteurs de shôjo qui vous ont marqués ?


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Paoru, Heaven Manga, Yaoicast, Instantané, Le chapelier fou, Le monde du boy's love, Manga Suki, Mangaverse, Otakritic, Hana Borderland, Les chroniques de Miawka, Ma petite médiathèque, Nuits sans sommeil, Les chroniques d'un newbie, Yukie, Club Shôjo.

Bonne lecture !