Virtuosity
Requiem for a dream
Carmen est ce que l’on appelle une virtuose : enfant prodige jouant du violon depuis son plus jeune âge, elle a déjà enregistré plusieurs CDs et effectué des tournées dans le monde entier. Encouragée par sa mère, Carmen se prépare au concours Guarneri mais les enjeux sont tels que la jeune fille panique. Prenant de l’Inderal, un médicament pour calmer ses nerfs, elle éprouve aussi la soudaine et terrible envie de rencontrer Jeremy King, considéré par beaucoup comme la seule personne capable de rivaliser avec elle dans l’obtention du premier prix. Commence alors un combat pour Carmen, entre rivalité et amour, passion et dégoût pour la musique.
Oppressant parfois par son ambiance, Virtuosity est un roman sympathique qui prend des chemins intéressants : bien que faisant partie de la collection Black Moon (Hachette), Virtuosity ne comporte aucune trace de fantastique. De plus, la romance n’est pas au cœur de l’intrigue comme on aurait pu s'y attendre. Elle y joue un rôle important, certes, mais Jessica Martinez préfère se centrer sur la passion qu’éprouve Carmen pour la musique.
Lorsqu'il s'agit de décrire les sensations que ressentent les artistes sur scène, on sent que l'auteure a elle aussi joué du violon. La musique est au centre de la vie de l’héroïne : elle lui a tout sacrifié et vit comme dans une bulle jusqu’à sa rencontre avec Jeremy, qui va lui ouvrir les yeux sur la réalité de son quotidien dédié à sa passion. Il va être pour Carmen une source d’inspiration qui la poussera à aller de l’avant.
J’ai apprécié le personnage de Carmen pour sa compétitivité. Ayant une peur panique de l’échec, la jeune fille fait tout pour vaincre ses démons intérieurs : elle se bat contre la dépendance aux médicaments, contre sa mère qui veut tout contrôler de sa vie et qui vit à travers elle son rêve de gloire. Cet aspect du roman rappelle Belle de Glace d’Anna Sheehan. Rien à dire du côté de Jeremy, c’est un gentil garçon comme on en voit tant dans les romans, doté d’un bon sens de la répartie. Clark, le beau-père de Carmen, est sans doute le personnage auquel je me suis le plus attaché, bien qu’il soit assez peu présent dans l’œuvre.
Virtuosity n’est cependant pas à l’abri de certains raccourcis qui m’ont fait grimacer : l’histoire entre Jeremy et Carmen, l’addiction de Carmen et quelques autres passages vers la fin m'ont semblé manquer de profondeur et je me suis dit "vraiment ?".
Sorte d’Obsession de Catherine Kalengula sans élément fantastique, Virtuosity est donc une jolie symphonie capable de retranscrire la passion jusqu’à son paroxysme, jusqu’à l’écœurement. Ce roman propose une réflexion sur l’art, la musique et la notion de choix qui plaira aux mélomanes comme aux néophytes. Bien que parfois légèrement superficiel, le voyage a été agréable.
Vous pouvez retrouver les avis de Pomme's Book et d'Aveline sur leurs blogs respectifs.
Virtuosity ~ Jessica Martinez
Black Moon (juin 2012), 320 pages, 16€
Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre !